L’union de la cuisine et du salon n’est pas seulement une tendance à la mode, mais une décision stratégique d’aménagement visant à améliorer la qualité de vie, à optimiser les mètres carrés et à améliorer la communication sociale au sein de la famille. Cependant, la création d’un espace unifié, mais fonctionnel et harmonieux, nécessite une compréhension approfondie des principes de zonage. En tant que designers-architectes praticiens, nous soulignons que le succès d’un projet dépend d’une séparation claire des zones selon leur destination, tout en préservant l’intégrité visuelle de l’intérieur.
Zonage fonctionnel de la cuisine-salon : qu’est-ce que c’est et pourquoi est-ce une tendance

Le zonage fonctionnel est le processus de division d’un espace combiné en zones de travail et de loisirs distinctes, chacune ayant une destination claire (cuisson, repas, détente, travail), tout en conservant une sensation générale d’ouverture. Il ne s’agit pas d’une séparation physique par des murs, mais plutôt d’une structuration visuelle et conceptuelle.
Pourquoi l’espace combiné reste une tendance dominante :
- Ergonomie des petites surfaces : Dans les appartements standards (surtout dans les nouvelles constructions avec un plan européen), la démolition de la cloison entre la cuisine et le salon permet de « gagner » 3 à 5 mètres carrés en éliminant les couloirs et les coins inutilisés.
- Engagement social : La personne qui cuisine reste impliquée dans la communication avec la famille ou les invités. Ceci est essentiel pour les scénarios familiaux modernes.
- Lumière naturelle : L’union des zones permet à la lumière des fenêtres du salon de pénétrer au cœur de la zone de cuisine, ce qui améliore l’ensoleillement et économise de l’énergie électrique.
La tâche principale du zonage est de rendre la transition entre la zone hautement fonctionnelle et « sale » (cuisine) et la zone de détente (salon) aussi fluide et logique que possible, sans créer de chaos visuel.
Approches stylistiques pour l’union de la cuisine et du salon : du loft au scandinave

Le choix du style dicte quels outils de zonage seront les plus efficaces. Chaque direction a ses propres « marqueurs » pour séparer les fonctions.
Style scandinave : minimalisme dans la séparation
Le style scandinave privilégie un zonage doux et discret. L’accent est mis ici sur la palette de couleurs et les textures. La cuisine et le salon sont souvent décorés dans une teinte claire unifiée (blanc, gris). La séparation se fait par :
- Revêtement de sol : Dans le salon – parquet clair ou stratifié ; dans la cuisine – carrelage ou grès cérame imitant la pierre ou le bois, mais avec un motif contrasté ou une teinte plus foncée.
- Mobilier : Utilisation de buffets ou d’étagères ouvertes (hauteur 120-150 cm) qui n’encombrent pas l’espace mais délimitent clairement la frontière.
Loft industriel : frontières physiques claires
Le loft permet d’utiliser les séparateurs physiques les plus radicaux et les plus spectaculaires, qui deviennent eux-mêmes des objets d’art :
- Cloisons vitrées : Cloisons coulissantes ou fixes dans un cadre métallique noir (style « Manhattan »). Elles laissent passer la lumière, mais isolent les odeurs et le bruit si nécessaire, ce qui est essentiel pour la zone de cuisine.
- Mur d’accent : Utilisation de briques apparentes ou de béton dans la zone salon, tandis que les crédences et les façades de cuisine restent lisses et monochromes.
Minimalisme moderne : zonage invisible
Ici, le zonage est réalisé par des systèmes cachés et une géométrie parfaite. Les façades de cuisine sont souvent réalisées sans poignées (système Push-to-Open) et se fondent dans les murs (par exemple, façades grises ou graphite jusqu’au plafond), masquant la zone de travail. La frontière est souvent constituée d’un îlot de cuisine ou d’un îlot de péninsule, réalisé dans le même matériau que le plan de travail, créant ainsi un objet monolithique unifié.
Matériaux et solutions de couleurs pour la séparation visuelle des zones

Les matériaux sont notre principal outil pour créer une carte fonctionnelle du sol et des murs. Le bon choix et la bonne jonction des matériaux sont non seulement esthétiquement attrayants, mais résolvent également des problèmes pratiques.
Revêtement de sol : le principal séparateur
Le changement de revêtement de sol est le moyen le plus évident et le plus efficace de zonage. Cependant, la jonction doit être non seulement belle, mais aussi techniquement correcte.
- Cuisine (Zone de travail) : Nécessite une haute résistance à l’usure, à l’humidité et à la graisse. Le grès cérame (classe PEI 4 ou 5) ou le carrelage grand format sont idéaux. La taille standard des carreaux de 60×60 cm minimise le nombre de joints.
- Salon (Zone de détente) : Nécessite chaleur et confort. Utilisez du parquet contrecollé, du parquet ou un stratifié de qualité (classe AC4/32 et supérieure).
- Technique de jonction : Évitez les seuils. Utilisez une jonction droite « carrelage-bois » avec un joint de dilatation rempli de mastic de liège, ou une jonction profilée (par exemple, « hexagone » ou « vague »), qui nécessite une grande qualification de l’installateur.
Couleur et texture des murs
La palette de couleurs doit être unifiée, mais avec des variations de saturation. Par exemple, si le salon est dominé par un ton gris clair, la zone de cuisine peut utiliser des façades d’accent ou une crédence d’un ton graphite ou bleu plus profond.
Règle pratique 60/30/10 : 60 % – couleur neutre principale (murs, grandes surfaces), 30 % – couleur secondaire (meubles, textiles), 10 % – couleur d’accent (décor, crédence). Lors du zonage, les 60 % et 30 % doivent être aussi similaires que possible pour maintenir l’unité, tandis que les 10 % peuvent être uniques à chaque zone.
Aménagement optimal et méthodes de zonage de la cuisine-salon (cloisons, lumière, mobilier)

Le choix d’une méthode de zonage spécifique dépend de la superficie de la pièce, de sa géométrie et du budget du projet. Nous distinguons trois outils clés : les barrières physiques, les scénarios lumineux et les compositions de mobilier.
1. Barrières physiques et semi-physiques
- Cloisons coulissantes : Solution idéale pour les petits appartements où il est nécessaire d’isoler temporairement les odeurs et le bruit. Nous recommandons d’utiliser des systèmes qui rentrent complètement dans un coffre mural (montage dissimulé) ou qui sont en verre dépoli/rainuré pour masquer le désordre de travail dans la cuisine.
- Lattes décoratives (Lamelles) : Lattes verticales en bois ou en métal, installées à un espacement de 5 à 10 cm. Elles laissent passer la lumière et l’air, mais limitent visuellement la zone. C’est une excellente solution pour séparer le groupe salle à manger de la zone canapé.
- Cloisons basses/consoles : Construction d’un mur bas (90-110 cm) servant de base à un bar ou à une table console du côté salon.
2. Scénarios lumineux
La lumière est le moyen de zonage le plus flexible et le moins coûteux. Pour un espace combiné, un minimum de trois groupes d’éclairage indépendants est nécessaire :
- Lumière de travail (Cuisine) : Lumière vive et directionnelle (température 4000-5000K, blanc neutre). Utilisez des luminaires linéaires LED intégrés sous les meubles hauts et des systèmes de rails qui permettent de changer la direction du faisceau.
- Lumière de salle à manger (Table) : Suspensions décoratives ou lustres, placés strictement au centre de la table. Hauteur de suspension : 75-90 cm au-dessus de la surface de la table. Température de la lumière : 2700-3000K (chaude, confortable).
- Lumière de loisirs (Salon) : Lumière douce et diffuse (lampadaires, appliques, éclairage indirect périphérique). Utilisez des variateurs pour régler la luminosité en fonction du scénario (regarder un film, lire).
3. Zonage par le mobilier
Le mobilier doit fonctionner comme un élément architectural. C’est le moyen de séparation le plus courant et le plus fonctionnel.
- Îlot de cuisine/Îlot de péninsule : L’îlot est une frontière idéale. Hauteur standard 90-92 cm (pour faciliter le travail). Du côté salon, l’îlot peut être complété par des étagères ouvertes pour les livres ou une niche à vin.
- Canapé : Un canapé placé dos à la cuisine délimite clairement la zone de détente. Il est important que l’arrière du canapé soit esthétiquement fini (par exemple, revêtement ou console décorative).
- Étagères vitrines : Les étagères ouvertes traversantes (par exemple, métalliques de style industriel) conservent la légèreté tout en créant une barrière sur laquelle on peut placer des décorations n’appartenant ni à la cuisine ni au salon.
Conseils pratiques pour l’ergonomie et l’agencement des meubles dans un espace combiné

L’ergonomie dans un espace combiné nécessite le respect de deux principes clés : le maintien du « triangle » de travail dans la cuisine et la garantie de passages confortables dans le salon.
Ergonomie de la zone de cuisine
Le triangle de travail (stockage-évier-cuisson) doit être aussi compact que possible. Dans un espace combiné, une disposition en U ou en L avec un îlot est souvent utilisée.
- Passages : La distance minimale entre l’îlot/l’îlot de péninsule et le meuble de cuisine principal doit être de 100-120 cm. Ceci est nécessaire pour que deux personnes puissent travailler ou passer confortablement, même si un placard ou un lave-vaisselle est ouvert.
- Ventilation : Ce n’est pas seulement un conseil, c’est une exigence critique. La hotte doit être puissante (recommandé 1000-1200 m³/h pour une surface de 30-40 m²) et avoir un faible niveau de bruit. Il faut privilégier les modèles avec aspiration périmétrique et moteur externe, si possible.
- Rangement dissimulé : Tous les petits appareils électroménagers (grille-pain, machine à café) doivent pouvoir être facilement rangés dans des placards-colonnes ou des « garages » pour appareils, afin que la zone de travail soit toujours propre et ordonnée du côté salon.
Ergonomie de la zone salon et salle à manger
La zone de détente doit être visuellement séparée du chaos du travail.
- Distance par rapport à la TV : Lors de la planification du groupe canapé, tenez compte de la distance optimale par rapport à l’écran. Pour un téléviseur de 55 pouces, c’est 2,5 à 3 mètres.
- Groupe salle à manger : La table à manger sert souvent de tampon entre la cuisine et le salon. Assurez-vous qu’il y a suffisamment d’espace autour de la table pour reculer confortablement les chaises – au moins 60-70 cm du bord de la table au mur ou au meuble le plus proche.
- Taille du tapis : Le tapis du salon doit être suffisamment grand pour que les pieds avant du canapé et des fauteuils reposent dessus. Cela « ancre » visuellement la zone de détente et la sépare du sol carrelé de la cuisine.
Erreurs typiques dans le zonage de la cuisine-salon et comment les éviter

Malgré sa simplicité apparente, un espace combiné peut être facilement gâché si l’on ne tient pas compte de sa spécificité d’utilisation.
Erreur 1 : Puissance insuffisante de la hotte et mauvaise isolation phonique
- Problème : Les odeurs de cuisson (même des plats les plus simples) imprègnent les textiles du salon. Le bruit d’un lave-vaisselle ou d’une hotte en fonctionnement gêne le visionnage de films.
- Solution : Investissez dans des hottes à haut rendement et à faible niveau sonore (jusqu’à 45 dB à puissance moyenne). Choisissez des appareils électroménagers silencieux (réfrigérateurs, lave-vaisselle – classe sonore jusqu’à 40 dB).
Erreur 2 : Absence d’harmonie dans les styles et les matériaux
- Problème : La cuisine est réalisée dans un style high-tech (brillant, chrome), tandis que le salon est en style provençal (fleurs, volants). L’espace se divise en deux pièces conflictuelles.
- Solution : Choisissez une base unifiée (couleurs neutres, type de finition murale identique). Utilisez des éléments communs : par exemple, si les façades de la cuisine sont en MDF gris mat, alors dans le salon, la table basse peut être du même matériau.
Erreur 3 : La cuisine comme entrepôt
- Problème : La surface de travail de la cuisine est constamment encombrée de petits appareils, de vaisselle et de produits, ce qui est visible depuis le salon.
- Solution : Intégrez au maximum le rangement. Prévoyez des tiroirs profonds pour ranger les mixeurs et les blenders, utilisez des colonnes pour les appareils intégrés. Créez une zone « tampon » sur l’îlot, où vous pouvez rapidement cacher les ustensiles de travail avant l’arrivée des invités.
Erreur 4 : Éclairage incorrect
- Problème : Utilisation d’une seule source de lumière centrale pour tout l’espace. Cela rend la zone de cuisson trop sombre et la zone de détente trop lumineuse et inconfortable.
- Solution : Séparez strictement les scénarios lumineux. Installez des interrupteurs et des variateurs séparés pour chaque zone fonctionnelle (triangle de travail, table à manger, groupe canapé).
Meilleurs exemples de mise en œuvre du zonage fonctionnel de la cuisine-salon (photos et études de cas)

Examinons plusieurs solutions architecturales efficaces et éprouvées que nous utilisons souvent dans nos projets.
Étude de cas 1 : Zonage par plafond à plusieurs niveaux et îlot
Dans les appartements avec de hauts plafonds (à partir de 2,8 m), il est efficace d’utiliser des dénivellations de plafond. Au-dessus de la zone de cuisine, un caisson en plaques de plâtre (environ 15-20 cm) est installé, dans lequel sont intégrés une hotte puissante, un éclairage technique et un système de rails. Ce caisson « atterrit » physiquement et visuellement la zone de travail.
- Frontière : Îlot de cuisine avec bar.
- Lumière : Spots intégrés dans le caisson au-dessus de la cuisine ; longue suspension décorative au-dessus de l’îlot.
- Matériaux : Au-dessus de l’îlot – grès cérame ; derrière l’îlot – parquet.
Étude de cas 2 : Utilisation d’une cheminée double face ou d’une bio-cheminée
Une cheminée double face, intégrée dans une cloison basse (140-160 cm), est un élément focal puissant et un séparateur fonctionnel à la fois. Elle crée une atmosphère chaleureuse et unit les regards, mais sépare physiquement les zones.
- Frontière : Cloison de cheminée (réalisée en matériaux incombustibles, par exemple, grès cérame imitation béton).
- Fonction : Assure la visibilité du feu depuis le salon et la salle à manger, créant un centre d’attraction commun.
Étude de cas 3 : Zonage à l’aide d’une estrade
Dans certains cas (si la hauteur de la pièce le permet), la zone de cuisine peut être surélevée sur une estrade (10-15 cm). Cela délimite très clairement la frontière et permet de dissimuler les communications. Cependant, cette solution nécessite de la prudence, car elle peut être dangereuse si l’éclairage des marches n’est pas adéquat.
Conclusion : créer un espace harmonieux pour la vie et la détente
Le zonage fonctionnel de la cuisine-salon est un équilibre subtil entre ouverture et structure. Votre objectif, en tant que propriétaire ou designer, est de créer un espace qui non seulement est beau, mais aussi aussi pratique que possible pour une utilisation quotidienne. N’oubliez pas qu’un espace combiné nécessite de la discipline dans le rangement et une approche sans compromis de l’équipement technique (principalement la ventilation).
Utilisez les principes d’éclairage à plusieurs niveaux, choisissez judicieusement des matériaux contrastés mais harmonieux pour les sols et les murs, et, surtout, laissez les meubles jouer le rôle de séparateurs architecturaux. Ce n’est qu’alors que vous obtiendrez non pas une simple grande pièce, mais un intérieur véritablement fonctionnel, ergonomique et harmonieux qui vous servira pendant de nombreuses années.




















